E comme… Escroc

Ça y est, c’est fait : on vient d’avoir notre premier mauvais payeur. Du coup on fête ça à l’agence avec une jolie lettre à l’office des poursuites et un grand verre de seum en écoutant « Bitch Better Have My Money » de Riri.

Alors oui, on va décevoir ceux qui pensaient que Baston étaient du genre à utiliser des méthodes un peu plus cohérentes avec son brand (#batte #genoux). Je répondrais qu’on ne se salit pas les mains pour des petits montants. Et aussi qu’on ne s’en prend pas physiquement à la famille. Parce qu’avoir à faire à un mauvais payeur, c’est sympa, mais pourquoi ne pas rajouter un peu de dramaturgie avec un enfoiré qui porte le même nom que vous ? 

Une histoire à la Dallas, avec les thunes, le pétrole et les chapeaux en moins. 

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Je dois avouer que cette situation m’a pas mal préoccupé, et je me suis posé des questions comme « Vais-je être invité aux prochains repas de Noël ? », « Qu’en penserait mamie ? » ou encore « un serpent qui se mord la queue peut-il en mourir ? », bien que cette dernière n’ait aucun rapport avec le sujet.

Mais surtout, je me suis posé LA question : travailler pour la famille et les amis, est-ce vraiment une bonne idée ?

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Quand tu lances ta boîte, tu en parles autour de toi, normal. Tu saoules tes potes et tes proches, tu essayes de trouver des petits jobs le temps de tisser ton réseau. Mais 80% du temps tu t’adresses à des gens qui, encore une fois, ne comprennent ni ce que tu fais, ni la valeur de ton travail. T’es « l’artiste » de la famille, voire le.la « marginal.e » selon la rigidité psychosociale de ton.ta interlocuteur.rice. 

Et même si ça te fait plaisir de travailler pour ta belle-mère, NON, tu ne vas pas lui faire « juste un petit logo » pour 200 balles. Déjà parce que toi tu es copy, ensuite parce qu’un « petit logo » ça n’existe pas, et surtout parce qu’il faut que tu te tires de quoi bouffer à la fin du mois ! 

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Certes, on a un job fun (outre les nuits blanches, les client.e.s insupportables, le syndrome de l’imposteur et 90% de chance de plus de développer des troubles psy), mais cela reste notre métier. Notre savoir-faire et notre temps ont une valeur. Être à son compte c’est une course contre la montre : on a 30 jours par mois pour engranger assez de cash pour survivre le mois suivant.

Cela devrait normalement concerner nos proches, mais c’est loin d’être toujours le cas. On le connait le classique du « j’ai un.e cousin.e qui touche Photoshop » que sortent les client.e.s qui ne peuvent pas s’offrir nos services. Mais ça se gâte quand c’est toi le cousin en question. Parce que bon « tu ne vas quand même pas faire payer la famille ? ». 

Évidemment, je grossis le trait. Libre à chacun d’aider, gratuitement ou non, ceux qu’ils aiment, ou pas. Mais je trouve cette pression sociale autour de la famille insupportable. J’aurais la vergogne de demander à ma cousine de l’EHL de venir me faire à bouffer chez moi gratos. Ni d’exiger de mon cousin chef d’orchestre de…euh… bref, vous avez compris.

Ceci dit, cela ne répond en aucun cas à la question de savoir si j’aurais dû, ou non, accepter ce mandat, ni si je dois prévoir un plan B ce Noël, et encore moins l’avis de ma grand-mère (RIP) sur le sujet. Toutefois, je sais maintenant qu’aucun serpent n’est mort en se mordant la queue : ils sont immunisés contre leur propre venin. 

C’est déjà ça. 

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