I comme…idée

Une des questions qui revient souvent dans nos jobs et à laquelle je suis incapable de répondre dans le 90% des cas c’est bien le « comment vous avez eu cette idée ? ». 

C’est vrai ça, comment naissent les idées ?

Beaucoup pensent que c’est un truc inné : t’es créatif ou tu ne l’es pas ! Tu prends ta douche et PAF, tu imagines la campagne qui gagne à Cannes. Facile.

Avec de telles croyances, difficile de valoriser nos métiers. Si c’est si simple, pourquoi est-ce que nos clients devraient payer si cher nos idées ?

Ce qu’ils ne voient pas, c’est que derrière « l’Euréka » se cache un travail de tout heure : celui de se cultiver, de s’inspirer et de penser. Des heures de recherches, d’apprentissage, de curiosité. 

Certains diront qu’être créatif c’est un état d’esprit.

C’est peut-être vrai, dans le sens où on n’arrête jamais vraiment de l’être. Un créatif refusant de se cultiver ou d’être curieux en dehors des heures de bureaux est difficile à concevoir. 

Alors oui, il est possible que vous me rencontriez un mardi après-midi en train de me balader, dans une expo ou au cinéma, vous disant que c’est vraiment un job tranquille. 

Par contre, il y a moins de chance que je vous croise dans ma cuisine dimanche à 3h du mat’, en train de poser sur papier cette idée soudainement apparue en pleine nuit. 

Si les idées ne préviennent pas, elles se préparent. Il faut cultiver sa créativité et apprendre à s’en servir. C’est très bien de romancer la découverte de la loi de la gravitation universelle en pensant que c’est un simple concours de circonstances. Mais si la pomme était tombée sur la tête de Jean-Claude Van Damme plutôt que sur celle de Newton, on aurait certainement eu le droit à un superbe coup de pied retourné plutôt que d’une avancée majeure de la physique.

Personnellement, je crois que les gens ont un peu trop tendance à fantasmer la créativité. Ils la dressent au rang de superpouvoir pour s’excuser de ne pas prendre le temps d’être eux-mêmes créatifs. On parle de don ou de talent, mais rarement de travail. 

En même temps, quand tu grandis dans un monde qui prône la productivité et la rentabilité, il est parfois compliqué d’imaginer que les idées, dans leur intangibilité, aient une vraie valeur. Pour beaucoup, un travail ça doit être contraignant, difficile et surtout quantifiable : un salaire ça se mérite. 

Alors la prochaine fois que vous faites appel à des créatifs, pensez-y. 

Vous ne payez pas uniquement le temps qu’il consacre à votre projet, mais une expertise fondée sur des années de recherches, d’expérimentation et d’angoisses. Dans un certain sens vous payez nos sorties ciné, nos expos et nos balades… Mais c’est ça notre matière première, le terreau de nos idées, le ciment de notre pensée.